Grégoire est un artiste populaire, au succès phénoménal et inattendu, en 2009, avec « Toi + Moi ». Mais il est boudé par la critique, et par une partie du métier qui ne lui a jamais décerné un prix.
Comment sont venus les mots pour sortir du « silence » ?
C’est au hasard de la vie que les chansons naissent. Un jour, il y a une alchimie de mots. Je suis fier des « Roses de mon silence », le titre et la chanson, mes parents trouvent ça très beau. J’ai toujours vu les yeux d’une femme briller quand on lui offrait des fleurs… C’est un mec timide, qui préfère offrir des fleurs plutôt que de parler.
Ce gars timide, c’est vous ?
Oui, enfin, ça dépend… En cinquième, j’étais incapable de parler à la fille qui me plaisait. En revanche, je pouvais sortir une blague pour faire rire toute la classe, être délégué de classe, chef d’équipe en sports. J’écrivais des bouts de Shakespeare que j’envoyais par la Poste le soir à ma voisine de classe… J’étais ultra-romantique.
L’amour inonde encore tout l’album. Au quotidien, il se traduit comment chez Grégoire ?
Derrière chaque grand homme, il y a une femme. C’est le cas aussi chez moi. Les femmes sont très fortes. Il y en a deux pour moi : ma mère, et aujourd’hui ma femme. Ma femme est mon équilibre. Elle sait me calmer quand je m’énerve, m’énerver quand je suis trop calme. Elle sait faire de moi ce que je peux être de meilleur.
On sent toujours chez vous ce besoin de rendre une chanson universelle, non ?
Une chanson doit pouvoir parler à tout le monde ! La récompense dans ce métier, c’est quand les gens se marient sur une de mes chansons, arrivent à surpasser une douleur dans certains moments. Je l’ai vécu comme ça, en utilisant celles des autres, comme « Ne me quitte pas » de Jacques Brel. Ma fonction première, c’est : en m’aidant moi-même, j’essaie d’aider un peu les autres. Goldman avait cette qualité : sortir une phrase qui paraît évidente pour tout le monde, mais que personne n’avait jamais formulée.
Il n’y a aucune concession, qui m’aime me suive !
Jean-Jacques Goldman est-il un modèle pour vous ?
Oui, aussi bien pour sa carrière que la différenciation entre vie privée et carrière. Avec Goldman, c’est comme avec votre prof de français qui vous lit un jour « Bérénice ». Une révélation.
Comme lui, vous restez discret sur votre vie privée.
Je suis un chanteur, pas un people, pas spécialiste des pectoraux. Honnêtement, si on veut être dans les tabloïds, on est dans les tabloïds. Les photos volées ne sont pas si volées que ça… Si un tabloïd voulait m’avoir, il m’aurait eu ! Tous les jours, je me balade avec mon chien, je promène mon fils en poussette. Avec ma femme, on ne se cache pour s’embrasser dans la rue…
Est-ce un album plus tourné vers le rock anglo-saxon ?
Vers tout ce que j’ai été vraiment et qui n’a peut-être pas été aussi exacerbé sur le deuxième album… Il n’y a aucune concession, qui m’aime me suive ! Je viens du rock, du folk. J’adore Elvis Presley, Bruce Springsteen, Cat Stevens. Je viens de la pop, j’adore les Beatles. La chanson : Ferré, Reggiani, Barbara. L’autre chanson française : Goldman, Cabrel. Radiohead aussi… Je suis né avec U2, je n’oublie pas Gun’s N’Roses, Nirvana et plus récemment Coldplay. Je ne vois pas pourquoi je m’arrêterais à la case dans laquelle on veut me mettre…
Quelle place pensez-vous avoir dans le panorama de la chanson française ?
Chacun son style, moi j’aime la variété, dans le sens le plus large : « varié ». La famille du « populaire », je l’assume, sans être en opposition avec la nouvelle scène. Renan Luce ou Thomas Dutronc, je les adore d’ailleurs. Stromae, on peut le dire branché mais j’adore…
Ceux-là sont encensés par une certaine critique qui ne parle jamais de vous. Est-ce frustrant ?
C’est le public qui m’intéresse. Moi je lis le Parisien, j’achète les quotidiens régionaux. Ces gens qui croient avoir le monopole de je-ne-sais-pas-quoi ne m’intéressent pas. Parfois, sur un nom, on est boycotté, ou sur un cliché : « Grégoire, c’est de la variété ». C’est le cas d’une radio, ou d’un journaliste des Inrockuptibles qui me démonte après une prestation télé. Ces gens-là, pour la culture, ce sont des plaies ! C’est un flagrant manque de curiosité. Ce genre de segmentation n’est fait que par la presse, pas par les artistes entre eux.
Quel sera le prochain concept de votre tournée qui doit démarrer au printemps ?
Elle comprendra deux temps. Acoustique d’abord, puis avec quelque chose qu’on n’a jamais vu… Jeune, j’ai été marqué par The Wall de Pink Floyd, et Elton John qui disait : « La durée d’un artiste se fait sur la scène ». Comme Goldman ou Mylène Farmer, je proposerai plus un spectacle qu’un concert. Je veux que l’audace de ce troisième album se retrouve sur scène.
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